Conférence. Au carrefour de la science et de la spiritualité: Meinrad Hebga, quel héritage philosophique pour l'humanité?
19 Mars 2016 | Écrit par Josué Vivien Bikét et Eric Elono
D’emblée la question que l’on peut se poser au sortir de cet échange pédagogique et épistémologique est de savoir : Quelle est la substance, le noyau solide de la dite conférence ou du moins de la pensée de Meinrad Hebga ?
Dès l’entame de notre propos, après avoir présenté la bibliographie de l’auteur qui constituait le premier axe de notre travail, nous nous sommes proposés dans le second axe à définir ou du moins à justifier le thème de notre exposé tout en situant l’auteur par rapport aux différents sens que prennent les notions essentielles du thème que sont la science et la spiritualité. Alors parlant de la spiritualité, partant de son adjectif dérivé « spirituel » qui renvoie à tout ce qui relève de l’ordre de l’esprit, considéré comme distincte de la matière, nous avons donc défini la spiritualité comme la science qui étudie les questions de l’au-delà ou du moins les questions d’ordre métaphysique. A l’instar de l’âme, de l’existence de Dieu et aussi de phénomènes paranormaux tels que la sorcellerie, le Famla. Alors que la science pour sa part renverrait à toute discipline dont la connaissance découlerait de l’expérience ou d’un raisonnement logique. Partant de ces définitions, l’on va tôt se rendre compte que la philosophie du Pr Meinrad Hebga est à cheval entre la « norme » et « l’anorme », c’est-à-dire une philosophie qui se situe entre le rationnel incarné par la science et l’irrationnel qu’incarne la spiritualité. Le Professeur apparait comme l’intermédiaire entre la science et la spiritualité ceci dans ce sens que, sa philosophie étant centrée sur le paranormal, celui-ci tente de lui donner un caractère scientifique, c’est-à-dire à démontrer rationnellement l’existence des phénomènes paranormaux qui autrefois étaient relégués dans le domaine de l’irrationnel.
Cependant, pour saisir le fond de la pensée du Pr Hebga, l’on doit remonter jusqu’au niveau de l’anthropologie occidentale afin de comprendre la source ou du moins le fondement de sa pensée. En effet, l’anthropologie occidentale, dans sa quête « des essences », « de l’être en tant qu’être », c’est-à-dire de ce qui fait de l’être ce qu’il est, a défini l’homme comme un être psychosomatique c'est-à-dire constitué de corps et d’esprit, faisant ainsi de l’homme un être dualiste. Seulement dans cette dualité, le corps est inerte, à cause de sa substance pesante et inutile ce qui affirme l’âme ce- pendant comme l’essence même de l’être, et qui malheureusement s’est trouvée incarcérée dans le corps. L’âme est extérieure au corps et ne fait pas partie du corps, elle l’utilise, c’est elle qui fait tout et sait tout. Cette définition de l’homme et surtout la position qu’occupe le corps dans l’anthropologie occidentale va donc être remise en question par le Pr Hebga qui à son tour, va soutenir que si le paranormal est relégué aux antipodes de la raison c’est à cause de cette négation ou du moins de cette dernière position que le corps occupe. Voilà pourquoi il décide de délocaliser l’anthropologie de l’occident pour l’Afrique.
En effet, le Pr. Hebga observe que les instances de la personne sont en nombre variable selon les différentes traditions culturelles africaines. Cependant trois d´entre elles peuvent être regardées comme un fond commun à savoir le corps, le souffle et l´ombre. Le corps peut désigner ce que nous appelons la peau, l´enveloppe, c´est-à-dire l´extériorité, le dehors. Le corps est saisi comme fonction de la personne, fonction de la sensibilité, de l´ouverture au monde. Pour ce qui est du souffle, il ne s´agit pas du souffle des narines. Le souffle présente d´abord un aspect fonctionnel. Il est fonction de la vie, de la persévérance dans la durée. C´est essentiellement le mouvement autonome procédant du sujet lui-même. L´ombre quant à elle n´est pas l´ombre en tant qu´image silhouette dont l´apparition et la disparition sont fonction de la lumière. Dans la conception des bantous et d´autres peuples africains, l´instance ombre est un sujet d´attribution indépendamment des autres instances de la personne. L´ombre est une entité enveloppante qui déborde le corps et agit bien au-delà de la sphère normale. L´instance ombre désigne la personne entière sous le signe de l´agilité, de la subtilité, de la maîtrise du temps et l´espace. M. Hebga souligne que toutes les anthropologies, qu´elles soient dualistes ou pluralistes, admettent une interaction des instances de la personne. Cette interaction constitue la clé de l´interprétation des phénomènes paranormaux. Dans l’anthropologie africaine le corps resurgit et devient même le moteur, ce sur quoi le paranormal est compréhensible car étant une énergie. C´est cette énergie qui est le tissu commun de tout, en sorte que la matière n´est pas douée d´énergie mais est énergie». Une fois rejetée la conception du corps-chose du sens commun, des sciences humaines, voire de la physique et de la chimie classique, l´apparition, les visions, les multi-locations, le cannibalisme mystique, le Kon, le Famla, peuvent se concevoir aisément. La coprésence intra personnelle ou intériorité réciproque est une condition essentielle de l´intelligibilité des phénomènes paranormaux. Partant donc de ce dépassement de l’anthropologie occidentale, la pensée du Professeur Hebga nous révèle un intérêt double. Dans le plan épistémologique le professeur a eu le mérite dans sa pensée de léguer un héritage philosophique à l’humanité en ce sens qu’il a fait un dépassement de l’anthropologie occidentale qui, après avoir défini le caractère dualiste de l’être a ignoré la dimension du corps dans la détermination de l’essence humaine. Le professeur a eu le courage de faire resurgir le corps de ses abîmes pour le replacer au cœur des débats, repositionnant du coup la querelle philosophique entre le matérialisme et l’idéalisme. En effet sans la matière l’idée est inutile voilà pourquoi le corps est devenu plus qu’un impératif dans sa pensée. Ce qui nous amener à comprendre, que le plus souvent, nos jugements et nos idées que nous avons des autres peuvent parfois être propre à notre ignorance ou à nos simples préjugés, comme pour dire que c’est à tort que l’occident a relégué la sorcellerie aux antipodes de la raison. Sur le plan anthropologique, grâce à la pensée du Professeur, l’humanité retiendra que l’essence de l’homme va au-delà de son caractère dualiste laissé entendre par l’anthropologie occidentale. En Afrique l’essence de l’homme est comprise grâce au schéma triadique qu’il a tracé à savoir le « corps », le « souffle » et l’ « ombre », et c’est partant de ce schéma que tout phénomène paranormal est compréhensible rationnellement. Cependant cette thèse n’étant qu’un positionnement philosophique ne saurait s’enorgueillir de mettre fin au débat. D’où sa vraie valeur.
Café littéraire : Calendrier 2016 et Proverbes
20 Février 2016 | Écrit par Mbous Alain Jacques et Nlénd Moutsi Charles
L’an 2016 et le 20 Février s’est tenu au centre culturel BESNI, le deuxième café littéraire de l’exercice 2016. Les points suivants ont été inscrits à l’ordre du jour.
- L’étude du calendrier produit par le centre culturel " BESNI "
- La connaissance avec les proverbes en Bassa
- La réflexion sur la lettre de Siegfried Dibong
- La contribution aux études Bassa et la revue membre du site.
En qualité de directeur du centre culturel BESNI et modérateur du jour du café littéraire, M. BIKET Josué Vivien ouvrira les débats en conviant tout d’abord le panel des membres aux présentations individuelles, ensuite donnera des précisions sur l’objet et le cadre de la tenue de la présente rencontre et enfin entrera dans le vif du débat dont la teneur suit.
I. L’ETUDE DU CALENDRIER PRODUIT PAR LE CENTRE CULTUREL « BESNI »
Les raisons et les circonstances de la conception du calendrier en Bassa par le centre culturel BESNI ont précédé l’étude proprement dite dudit document entres autres :
- Sa transcription en écriture phonétique
- L’abstraction des termes « NGWA » ou "KEL" faite de chacun des jours de la semaine.
- Le choix linguistique adopté par la doctorante Natacha NGO BELL se servant du calendrier Bassa comme support pédagogique et ayant au préalable constaté l’incapacité des membres présents à lire et à écrire la date en langue Bassa. Il sera instauré en tout premier lieu
- L’apprentissage des jours de la semaine. Afin de rendre la rétention de ces derniers facile, quelques astuces furent adoptées. Certaines pour rechercher la signification à chacun des jours des semaines, d’autres pour dénombrer les lettres que comporte chacun des sept jours. Ainsi en référence au calendrier grégorien.
- Lundi correspond à NGWA NJANGUMBA (le 1er jour de la semaine, après le Dimanche, compte le plus de lettres).
- Mardi correspond à NGWA UM (Deuxième jour, compte deux lettres)
- Mercredi correspond à NGWA NGE (Troisième jour, compte trois lettres)
- Jeudi correspond à NGWA MBOG (Quatrième jour, compte quatre lettres)
- Vendredi correspond à NGWA KOO(Cinquième jour, le dernier jour avant week-end, s’apparente à la lenteur de l’escargot et le jour ou la fatigue accumulée dans la semaine se fait ressentir)
- Samedi correspond à NGWA JON (Sixième jour, le jour du marché)
- Dimanche correspond à NGWA NOY (Septième jour, le jour du repos).
II. LA CONNAISSANCE AVEC LES PROVERBES EN BASSA.
Après la présentation par le centre culturel BESNI de quelques ouvrages sur les proverbes en Bassa, il sera demandé à chacun des membres présents de manifester son ingéniosité à évoquer au moins deux proverbes en langue Bassa avec la signification y afférente. A titre d’illustration, les proverbes suivants retiendront notre attention :
- "CC Woo WADA ù kanbe lomb"
Il s’agit de célébrer la force de l’union
- "UYE SUGDE KANDA ù IEK MIS"
Il s’agit d’appeler à la responsabilité dans toutes les dettes que l’on pose dans la vie.
- "NUMBE BIHȎK A HùNA BE DJOL"
Celui qui se mêle des problèmes des autres fini par y laisser sa peau.
- "ME YI A HUNA NDENGE LIBINED HIKOA BA YAN MAM"
Ne pas suivre les conseils conduit le plus souvent à se familiariser avec les problèmes.
- "MBEE MUDGA MAA INKUNUS BE BIDJECK"
Il explique que si une marmite est posée sur trois pierres, elle fait cuire nécessairement la nourriture. En clair, il s’agit du rôle dévolu à la famille nucléaire qui symbolise la trinité (ISAN,MAN,NYAŇ)
- "Kii MBOCK GWEE MBOCK YAA IBȎȎ NKEGI"
Le monde n’est né que le jour ou le sexe de la femme s’est ouvert.
Le mythe de la création de l’homme tourne autour du sexe de la femme.
- "UKENEG IKODA HIEE I SOŇMùT UKENA MAN NYU"
En clair, i lest expliqué l’interdiction faite à un étranger de pénétrer au territoire étranger sans l’aval de son propriétaire.
- "Man NYICK A MBOT BE HINAŇ.
Le novice ne bâtit pas
Le novice ne se fraye pas lui-même son propre chemin.
- ŇO NI LIBOŇ BA NKAA BE TAMBA"
- En présence de la tête, le genou ne revendique pas le chapeau
- "NKOL ù NKIL I YΆŇAN NGEDΆ, NGWELEH IKΊLΆG I NGEDΆ YẺ"
Seul le maitre suis le contrôle sur sa propre vie.
- "MBOG KWOG, NBOG NYODAG, MBOG MĀKWO MĀ NYE"
La vie n’est pas un long fleuve tranquille.
Ainsi à travers les illustrations, le panel a pu mesurer la puissance de la pensée traditionnelle Bassa et l’importance de leur utilisation dans un discours ou lors d’un débat comme non seulement meilleur support aux arguments mais aussi une aide à la concision.
III. LA REFLEXION SUR LA LETTRE DE SIEGFRIED DIBONG.
Le panel prendra connaissance de la lettre du patriarche SIEGRIED DIBONG intitulé « Je pleure sur le MBOG LIAA ». Mieux que des lamentations. Le patriarche déplore l’état actuel du fonctionnement de l’association "MBOG LIAA" dont les hautes instances se sont écartés de ses principales missions mettant plutôt en exergue leurs intérêtségoïstes, cet état de choses expliquant donc la léthargie dans laquelle est plongée l’organisation.
En réaction aux récriminations de M.SIEFRIED DIBONG, deux groupes d’opinion se formeront. Le premier épousant les plaintes énoncées par ce dernier mettra en lumière les tares et les avatars du MBOG LIAA : pratiquement la seule organisation fédératrice du peuple Bassa qui contrairement au "NGONDO" ou du "GUON" (pratiquement de véritables institutions), n’a pas eu un fonctionnement régulier. Le second quant à lui, initiatique à l’opinion du patriarche, trouve qu’il ne fallait s’attendre à rien d’extraordinaire avec la création de l’association "MBOG LIAA" qui naquit comme un "éléphant blanc". En outre en lieu et place des "pleurs", le patriarche aurait dû faire un rappel de ce que furent l’objet et les principales missions du "MBOG LIAA" au moment de sa création.
La soirée étant assez avancée, le temps qui nous a été imparti ne nous a pas permis d’aborder le quatrième point que nous devons décidé ensemble de débattre ultérieurement.
Néanmoins avant de se séparer, les membres présents ont estimé qu’il fallait dégager des thèmes pour les prochains cafés littéraires. Ainsi seront retenus les thèmes suivants :
- Le "Yum" (le travail en groupe)
- Le "Malèp" (le rite de veuvage)
- Le "Likaa" (L’inceste)
Ajouté à cela, la poursuite d’apprentissage de la date en langue Bassa.
Le prochain café littéraire aura lieu au mois d’Avril, le mois de Mars étant consacré à une conférence sur l’œuvre littéraire du père MEINRAD HEBGA.
L'enseignement des langues nationales dans les lycées et collèges au Cameroun : une réalité en marche.
01 Août 2015 | Écrit par Josué Vivien Bikét
Le Centre Culturel BESNI, dans sa tradition des rencontres mensuelles, a organisé
le samedi 25 Juillet 2015, une conférence sur l’enseignement des langues
nationales dans les lycées et collèges du Cameroun. Celle-ci a eu lieu à
l’issue d’une session de cours de langue Bassa tenue du 19 Juin au 25 Juillet
2015 dans ses locaux. Il était question d'informer le public sur la réalité de
la pratique de cet enseignement dans notre pays.
En effet, l’enseignement des langues et cultures nationales est effectif dans le secondaire camerounais depuis au moins 30 ans ; même si jusqu’en 2000, ceci restait l’apanage des seuls établissements privés à caractère confessionnel dont le collège Sacré Cœur de Makak, le collège Libermann de Douala.
Celui-ci a finalement été rendu officiel et ce, depuis bientôt dix ans, suite à une demande expresse du Ministre des Enseignements Secondaires, appuyée par celui de l’Enseignement Supérieur qui décide d’ailleurs en 2008, de l’ouverture à l’ENS de Yaoundé d’un département des langues et cultures camerounaises. Ce département met ainsi à la disposition du Ministère des Enseignements Secondaires, des professeurs certifiés en langues et cultures camerounaises qui exercent dans les lycées et collèges du pays depuis 2011.
Cependant, ces enseignants sortis de l’ENS de Yaoundé, ne sont malheureusement en service jusqu’ici que dans ce qu’on appelle des "établissements pilotes", c’est-à-dire, des établissements choisis par le Gouvernement pour implémenter l’enseignement officiel des langues nationales dans notre pays. Toutefois il convient de préciser que leur nombre actuel ne peut permettre la couverture de l’ensemble des écoles du Cameroun.
Les langues enseignées dans ces établissements pilotes quant à elles, sont des langues dites de référence c'est-à-dire, des langues qui ont une base locale, qui connaissent un nombre appréciable de locuteurs, et qui disposent des professeurs formés pour les transmettre comme c’est le cas avec le Bassa, le Duala, le Bulu, etc.…
Les programmes d’enseignement en ce qui les concerne sont harmonisés par le Ministère des Enseignements Secondaires et sont d’ailleurs coordonnés et évalués par des Inspecteurs commis à cette tache. En tant que discipline à part entière, la matière "langues et cultures nationales" vaut coefficient 03. Elle n’est pas encore été prise en compte dans les examens officiels certes, mais cela ne tardera pas à venir, puisque certaines dispositions ministérielles le prévoient. Par région donc, une ou deux langues nationales sont enseignées, selon qu’elles répondent aux critères d’une langue dite de référence.
Telles sont les informations qui ont été fournies au public venu nombreux à cette conférence.
Colloque sur Jean Ikellé-Matiba
25 Juin 2015 | Écrit par Josué Vivien Bikét
Le Jeudi 25 Juin 2015 dernier a eu lieu à l’espace François Anatole et Fréderic Arnaud, Bonapriso, Douala, un colloque sur Jean Ikellé-Matiba. Cette réunion a été organisée par l’association Ruralité « Song-Ndong » qui dans le cadre de sa biennale, tenait à rendre hommage à Jean Ikellé-Matiba qui fut un digne fils du village Song-Ndong dans la Sanaga-Maritime.
L’une des personnalités ressources et organisatrices du colloque, le Docteur Rose Ikellé, enseignante à l’ESSEC et nièce de Ikellé-Matiba, a dévoilé à l’occasion, l’un des projets majeurs de l’association : la construction de bâtiments à l’école primaire de Song-Ndong, école qu’avait d’ailleurs fréquentée Jean Ikellé-Matiba.
Jean Ikellé-Matiba, écrivain camerounais, est né le 26 Avril 1936
en Sanaga-Maritime. Il fait ses études secondaires à Edéa puis, de 1957 à 1936 à Paris et devient Docteur en droit en 1962. Il travaille tour à tour en Allemagne et en France et publie différents articles politiques et littéraires dans Présence Africaine, Echo d’Afrique.
Il est surtout connu pour son roman cette Afrique là!, Éditions Présence Africaine, 1963, Paris, qui reçut le Grand Prix Littéraire d’Afrique Noire d'expression française, après " Kocoumbo, l’étudiant noir " d’Aké Loba en 1961 et " L’Aventure Ambiguë " de Cheikh Hamidou Kane en 1962. Jean
Ikellé-Matiba est mort en 1984 en Allemagne.
Le Système de Mariage Bassa
06 Juin 2015 | Écrit par Otto Gwét et Josué Vivien Bikét
Le Centre Culturel Besni a organisé le samedi 06 Juin 2015, une conférence sur le système de mariage chez les Bassa.
Le mariage repose sur l'exogamie, coutume suivant laquelle on se marie en dehors du clan. Le mariage exogamique se définit par les limites à l'intérieur desquelles le mariage n'est pas autorisé. Ainsi, chez les Likol, par exemple, un Ndok Sul ne se marie pas avec une Ndok Sul, un Ndok Béa avec une Ndok Béa. Si l'appartenance à un clan se transmet par le père, on ne peut pas se marier non plus avec une personne appartenant au "Ndap Bikokoo" de sa mère.
A partir de ce principe de base, des subtilités sont à prendre en compte. Chez les Likol, le clan qui fixe les limites du mariage est aussi le groupe "identitaire" par lequel chacun se définit; par exemple, on dit couramment: "je suis un Ndok Poll". Chez les Babimbi, le groupe social auquel on s'identifie est souvent différent du clan au sens du mariage exogamique. Ainsi, par exemple, les Log May consituent un groupe identitaire, mais le clan (Ndap Lihaa) qui fixe les limites du mariage est un sous-groupe des Log May. C'est ainsi qu'un Log Hét, sous-groupe des Log May, ne peut se marier avec une Log Hét. Et pourtant les membres de ce sous-groupe Log Hét s'identifient plutôt comme des Log May.
En outre, Ndap Bikokoo, littéralement "la maison du soir", fixe des limites qui ne sont pas comprises de manière précise. Par exemple, mon Ndap Bikokoo est-il le même que celui de mon père et celui de mon grand-père et ainsi de suite? Si oui, le Ndap Bikokoo rejoindrait les limites du clan, ce qui n'est pas le cas. Alors quelles sont les vraies limites du Ndap Bikokoo? L'observation semble indiquer qu'il s'agirait du groupe d'individus ayant le même grand-père.
Enfin, quelles sont les vraies limites du clan au sens du mariage exogamique? Est-ce le groupe identitaire des Likol ou le Ndap Lihaa des Babimbi? Et cela a t-il toujours été ainsi? Des questions dont les réponses restent attendues. Néanmoins, l'observation indique que les frontières actuelles se situent autour de dix générations.
Telles sont ces réflexions qui ont été présentées au public venu prendre part à la conférence. Cependant, le travail sur la maitrise du système de mariage chez les Basaa reste substantiel et tous les Bassa sont appelés à y contribuer.
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